Pour mieux comprendre cette molécule exceptionnelle qu’est le CBD, il est important de retracer les différentes utilisations de sa plante d’origine.
Pendant plus de 10 000 ans, elle a été de loin la plus utile. Nos ancêtres dépendaient de sa fibre extrêmement solide, de sa pulpe riche en cellulose et de ses graines très nutritives. L’Homme l’a cultivé tout au long de l’histoire pour se nourrir, se chauffer, confectionner ses vêtements, construire ses habitats, fabriquer du papier, des cordes, des voiles… mais aussi pour se soigner. Ce n’est que dans les années 30 que les Etats Unis commencent à diaboliser les propriétés de cette plante et en interdit tout usage, l’Europe suivit le mouvement. Nous avons relevé pour vous quelques faits marquants.
L’empereur chinois Fu Hsi fait référence à la marijuana comme médecine populaire
Il fait référence à Ma, le mot chinois pour le cannabis, notant qu’il s’agissait d’une médecine très populaire qui possédait à la fois le yin et le yang.
Empereur Fu Hsi
Source: jaars.org
Le “Shennong Bencao Jing” mentionne plusieurs usages de la plante
Le fameux traité de pharmacologie de la médecine traditionnelle chinoise fait référence au cannabis, notamment pour le traitement des douleurs d’origine rhumatismale, la goutte, les “absences mentales”, les douleurs menstruelles, le paludisme et le béribéri.
Les égyptiens utilisaient du cannabis pour le glaucome, l’inflammation et les sécrétions douloureuses
On prescrivait du cannabis dans l’Égypte ancienne pour le glaucome, l’inflammation, les douleurs provenant de l’utérus, ainsi que pour les lavements.
Le livre de l’Exode fait référence à l’huile d’onction sainte à base de cannabis
L’huile d’onction sainte, telle que décrite dans la version hébraïque (Exodus 30 : 22-23), contenait plus de 2 litres de kaneh-bosem, une substance identifiée par des étymologistes, linguistes, anthropologues, botanistes et autres chercheurs respectés comme étant du cannabis. Il était mélangé dans de l’huile d’olive avec d’autres herbes.
Le “Bhang” utilisé en Inde comme anesthésique
Cette boisson à base de cannabis et de lait est utilisé comme anesthésique et anti-flegmatique en Inde. Cette plante commence à être utilisé dans cette région pour traiter une grande variété de maladies humaines.
Utilisation médicale du cannabis au Moyen-Orient
L’un des volumes du Avesta, l’ancien texte religieux persan écrit supposément par le fondateur du zoroastrisme, mentionne le hachisch comme la plante la plus importante parmi les 10 000 plantes médicinales citées.
Prophète perse et Philosophe Zoroaster
Source: jaars.org
Traité de Sushruta Samhita – Le cannabis pour guérir la lèpre
Le cannabis est de plus en plus utilisé en Inde en tant que médicament. Les indiens pensent qu’il peut accélérer l’esprit, prolonger la vie, améliorer le jugement, réduire les fièvres, garantir le sommeil, guérir la dysenterie et la lèpre… Le premier travail majeur relatant les utilisations de cette plante est le traité de “Sushruta Samhita”.
Cannabis thérapeutique dans la Grèce antique
Dans la Grèce antique, le cannabis est principalement utilisé comme remède contre les maux d’oreilles, les œdèmes et l’inflammation.
Les romains aussi traitent les maux d’oreille grâce au cannabis
C’est Pedanius Dioscorides , un médecin grec de l’armée romaine qui a étudié de nombreuses plantes qui y fait référence dans un livre intitulé “De Materia Medica”.
De Materia Medica
Source: herb.co
Le cannabis dans le monde arabe
Il a été utilisé très tôt comme médicament pour une grande variété de maladies, des migraines à la syphilis, et en tant qu’analgésique et anesthésique.
Emploi du cannabis au Moyen Âge
Au Moyen Âge, cette plante était présente dans tous les cabinets médicaux (herboristeries). William Turner, considéré comme le premier botaniste anglais, loue les effets bénéfiques du cannabis dans son ouvrage “New Herball”.
Traitement pour les vomissements, les infections parasitaires et les hémorragies en Chine
L’ouvrage “Bencao Gangmu Materia Medica” de Li Shizhen mentionne l’usage du cannabis pour traiter les vomissements, les infections parasitaires et les hémorragies. Il continue à être utilisée en Chine comme remède populaire pour la diarrhée et la dysenterie ainsi que pour stimuler l’appétit.
Exportation du chanvre en Amérique du Nord
Les colons de Jamestown exportent cette plante, communément appelée chanvre, en Amérique du Nord. Pendant toute la période coloniale, sa fibre est essentielle pour de multiples usages industriels. La Virginie accordait des primes pour sa culture, ainsi que pour sa transformation, et sanctionnait ceux qui ne voulaient pas la faire pousser.
Illustration de la colonie de Jamestown
Source: ushistormimages.com
Le célèbre ouvrage anglais sur la santé mentale recommande le cannabis pour traiter la dépression
L’érudit d’Oxford, Robert Burton, suggère le cannabis comme traitement contre la dépression dans son livre “The Anatomy of Melancholy”.
George Washington cultive du chanvre
Les écrits du journal de Washington indiquent qu’il a cultivé du chanvre à Mount Vernon pendant environ 30 ans. Selon ses livres agricoles, il s’intéressait particulièrement à l’utilisation médicinale du cannabis.
Page du journal de George Washington daté d’août 1765.
Source: Bibliothèque du Congrès
L’armée napoléonienne rapporte du cannabis d’Egypte
Napoléon envahit l’Egypte avec son armée qui inclue une équipe d’expédition scientifique. En plus de découvrir la pierre de Rosette, il transporte du cannabis jusqu’en France en 1799. Cette plante commence alors à être étudiée en Europe pour ses effets analgésiques et sédatifs, et à être plus largement acceptée dans la médecine occidentale.
La reine Victoria consomme du cannabis pour ses douleurs menstruelles
À l’époque victorienne, cette plante est largement employée pour les spasmes musculaires, les crampes menstruelles, les rhumatismes, les convulsions du tétanos, de la rage et de l’épilepsie. Elle est également utilisée pour favoriser les contractions utérines pendant l’accouchement et comme sédatif pour induire le sommeil. La reine Victoria en fait souvent usage pour ses douleurs menstruelles.
Reine Victoria
Source: gutenberg.org
Le cannabis ajouté à la pharmacopée américaine
La pharmacopée des États-Unis d’Amérique (l’autorité publique officielle chargée d’établir des normes pour tous les médicaments sur ordonnance et en vente libre), mentionne cette plante comme traitement pour de nombreuses maladies y compris : névralgies, tétanos, typhus, choléra, rage, dysenterie, alcoolisme, dépendance aux opiacés, anthrax, lèpre, incontinence, la goutte, troubles convulsifs, amygdalite, folie, saignements menstruels excessifs et saignements utérins, entre autres.
Médicament à l’huile de cannabis
Source: antiquecannabisbook.com
Le déclin
Au XXème siècle, le discrédit porté sur la consommation récréative du cannabis et le développement acharné de médicaments synthétiques comme l’aspirine, l’hydrate de chloral, le bromure, les barbituriques et les dérivés opiacés contribuent déclin de l’utilisation thérapeutique de cette plante.
Dans les années 30, l’hystérie du mouvement anti-cannabis est particulièrement florissante. Les journaux se disputent la surenchère de révélations sensationnelles déclarant que la consommation de cannabis conduit à la folie et au meurtre. Harry J. Anslinger, premier Commissaire du Bureau Fédéral des Narcotiques aux Etats-Unis aurait en fait cherché un nouveau champ d’action après la levée de la prohibition de l’alcool. D’autres y voient une conspiration des grands industriels puisque le chanvre couvrait de nombreux domaines comme la médecine, la construction, le textile, la navigation…Certains ont même mentionné la possibilité d’en faire un carburant. La consommation de cannabis devient illégale en Amérique et en Europe.
Pourtant, un rapport publié par une Commission scientifique créée par le maire de New York en 1938, établit que le fait de fumer du cannabis n’entraine pas une dépendance au sens médical du terme, qu’il ne fait pas office de facteur déterminant pour commettre un crime et que les campagnes publicitaires diabolisant les effets de cette plante sont infondées.
Affiche d’un film, commandité par une église américaine, qui met en scène des personnes faisant une série d’actes criminels à la suite de la consommation de cannabis, actes allant du délit de fuite au meurtre, à la tentative de viol et au basculement dans la folie.
Découverte du CBD et du THC
En 1964, le Dr. Raphael Mechoulam, professeur de chimie médicale à l’Université hébraïque de Jérusalem, est un des premiers à identifier le THC (delta-9-tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol), deux des nombreux cannabinoïdes présents dans la plante de Cannabis Sativa L.
Le rapport UK Wootton conclu que le cannabis est moins dangereux que l’alcool
Rédigé par le Comité consultatif du Royaume- Uni travaillant sur la toxicomanie, ce rapport conclu que “la consommation à long terme de cannabis à doses modérées n’a pas d’effet nocif … Le cannabis est moins dangereux que les opiacés, les amphétamines et les barbituriques, Et aussi moins dangereux que l’alcool …”
L’influence du rapport est observée dans les futures politiques britanniques en matière de drogues qui réduisent les pénalités pour la possession de cannabis de 50%.
Découverte du CBD comme anxiolytique
Des chercheurs découvrent pour la première fois que le CBD agit comme un anxiolytique, réduisant, et même bloquant, les convulsions provoquées par l’épilepsie.
Au milieu des années 70, d’autres essais cliniques démontrent que l’administration du composé calme les nausées et les vomissements provoqués par la chimiothérapie. À cette époque on découvre également les effets sédatifs du composé chimique, ainsi que sa capacité à améliorer le sommeil de patients souffrant d’insomnie.
Décision de la Cour fédérale américaine : Pour Robert Randall, la consommation de cannabis est une nécessité médicale
Cet homme est poursuivi en justice à cause des plants de cannabis qu’il fait pousser. Le juge fédéral statue que la consommation de cette plante par Randall constituait une « nécessité médicale ».
Robert Randall
Source: denverpost.com
Valeur médicale du cannabis au Nouveau-Mexique
Le Nouveau-Mexique passe la première loi d’État reconnaissant la valeur médicale de la plante. Les années suivantes, plus de 30 États adoptent une législation similaire.
Le CBD comme traitement de la psychose
La première preuve scientifique mettant en exergue les effets antipsychotiques du CBD fait son apparition. Les expériences montrent que ce composé inhibe des symptômes tels que la perception altérée, la dépersonnalisation et le refus de communication avec autrui.
Les scientifiques découvrent les récepteurs cannabinoïdes
On découvre pour la première fois les récepteurs cannabinoïdes qui se trouvent naturellement dans le système nerveux. Dès lors, les investigations se multiplient.
Récepteurs cannabinoïdes dans le cerveau humain.
Source: HowStuffWorks.com, 2001
Découverte du premier endocannabinoïde
Le Dr Mechoulam, le Dr William Devane et le Dr Lumir Hanus, identifient le premier cannabinoïde endogène du cerveau (ou endocannabinoïde). Ils découvrent, en fait, la version naturelle du THC dans le cerveau, appelée “Anandamide”, du mot sanskrit ananda, qui signifie « bonheur éternel » ou « joie suprême ».
Cette sensation de bien-être euphorique que l’on peut ressentir par exemple en faisant du jogging est possible grâce aux endocannabinoïdes. Le système endocannabinoïde aide également à modérer ses émotions, consolider sa mémoire, coordonner ses mouvements…
La Californie devient le premier État à légaliser la culture et la possession de marijuana dans un but médical
La Proposition 215 permet aux patients, avec la recommandation d’un médecin, de posséder et de cultiver du cannabis pour le traitement du sida, du cancer, de la spasticité musculaire, des migraines et plusieurs autres troubles.
Le militant Chris Conrad et son épouse Mikki Norris se sont battus pour le passage de la Prop. 215
Source: chrisconrad.com
Découverte des propriétés antioxydantes et neuro-protectrices du CBD
Un groupe de chercheurs des Instituts Nationaux de la Santé Mentale américains révèle que le CBD est un puissant antioxydant cellulaire, alors que d’autres travaux postérieurs indiquaient que cet effet lui conférait, en plus, des propriétés en tant que neuro-protecteur. Le cannabidiol serait donc utile pour réduire la dégénérescence des neurones.
Le rôle du CBD dans les maladies auto-immunes
Un bon nombre d’autres recherches sur le potentiel thérapeutique du CBD ont été réalisées et ce sont centrées principalement sur deux axes : son effet sur les cellules du système immunitaire et son pouvoir anti-inflammatoire et calmant. Ces essais suggèrent, d’une part, que le cannabidiol freine l’avancée de l’arthrite rhumatoïde et est capable de réguler la présence de certaines molécules impliquées dans le développent de tumeurs, grâce à son action immunosuppresseur et anti-inflammatoire. D’autre part, elles démontrent l’efficacité du CBD pour soulager les douleurs chroniques d’origine neurologique.
Plus tard, des études indiquent que le CBD pourrait traiter des maladies telles que l’épilepsie, l’anxiété, la schizophrénie, les maladies cardio-vasculaires et certains cancers.
L’ EIHA demande une réglementation raisonnable du CBD en Europe
L’Association européenne du chanvre industriel demande une réglementation raisonnable du CBD dans l’alimentaire, la cosmétique, la médecine naturelle à base de plantes et comme médicament :
“Le CBD a un large éventail d’effets physiologiques bénéfiques et un profil favorable en termes de sécurité du consommateur. De nombreuses études scientifiques prouvent le potentiel thérapeutique de CBD pour un grand nombre de maladies et de symptômes comme les troubles anxieux (comme le syndrome de stress post-traumatique), l’obésité, l’épilepsie, la dystonie, le diabète, le cancer, la neuro-dermatite et la maladie d’Alzheimer. Ses propriétés antibactériennes peuvent être utilisées pour prévenir l’infection et contrôler l’inflammation puisque le CDB est efficace contre les staphylocoques, les streptocoques et même contre le SARM cliniquement pertinent (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline).Les effets pharmacologiques du CDB à des doses plus faibles sont des propriétés de maintien de la santé (effets physiologiques). Ceux-ci incluent des effets antioxydants, neuroprotecteurs et anti-inflammatoires. Par exemple, le CBD est un antioxydant neuroprotecteur plus puissant que l’ascorbate (“Vitamine C”) ou le tocophérol (“Vitamine E”). En tant qu’ingrédient cosmétique, la CBD peut être utilisée pour diminuer le sébum / sébocytes.”
L’EIHA soutient l’élaboration d’une législation harmonisée dans ce domaine, afin de permettre à ce secteur de croître mais aussi pour s’assurer que les consommateurs soient correctement protégés.